UN EXTRAIT DE LA NOUVELLE

“JOYEUX NOËL, NOËL !”

J’étais seul ce soir-là, je suis toujours seul le soir, en fait, même pas seulement le soir. Ça remonte à des années, ma rupture avec Alexandrine. Ça devait être au printemps, on venait d’avoir des mots, mais on s’aimait, pour sûr. L’os là-dedans, c’est que je picolais un peu trop, rien que du naturel, rien que du bon qui tache pas les nappes. Je lui disais : «Tu vois, Alexandrine, avec ça, je me mets à l’abri de la maladie d’Alzheimer». Alexandrine, elle pouvait pas prendre la pilule, c’était pas bon pour sa santé. On avait envie fort l’un de l’autre malgré tout, et des machins qui permettent de pas avoir d’enfants, il nous en manquait, il n’y en avait plus dans le tiroir de la table de chevet. D’habitude, c’était moi qui m’occupais de ça mais Alexandrine a pensé que dans l’état où j’étais, il était préférable qu’elle y aille elle-même. Elle s’est rhabillée et puis elle a dit : «Noël, j’en ai pas pour longtemps, je fais un saut à la pharmacie du coin, j’en ai trop envie.» Elle est sortie, il n’y avait rien de louche dans sa façon de faire…